La période que nous avons vécu ces derniers mois et qui, malheureusement, n'est sans doute pas terminée aura bousculé beaucoup de nos habitudes. Je vais ici parler de ce qui a été pour moi le plus changeant, à savoir le télétravail à temps plein.
Historique
Avant de vous parler de cette situation de full télétravail, d'abord un petit historique. Je suis développeur Web professionnel depuis mai 2013. J'ai commencé à travailler au Luxembourg en habitant à Metz en Moselle. J'allais donc en voiture au travail en faisant du covoiturage avec mes collègues. Je partais le matin à 06h40 pour arriver au travail, au mieux, à 08h00. Le soir, nous partions à 17h00 pour arriver chez moi, au mieux, vers 18h45. Le calcul n'est pas bien compliqué, ça fait 3h passées sur les routes, dans les bouchons.
Cette image représente bien mon état d’esprit, le matin quand j'arrive au travail après 1h30 de route
Ensuite, depuis 2017, je travaille dans une entreprise à Metz en habitant à Verdun. 78km par trajet, je pars le matin à 07h40 pour arriver à 09h00. Le soir, je pars à 17h00 pour arriver à 18h30. Encore une fois, le calcul est rapide, 2h50 sur les routes. L'avantage est que je n'ai plus beaucoup de bouchons sur mon trajet.
Le télétravail ? Pas si nouveau que ça !
Le télétravail n'est pas si nouveau que ça me concernant. Quand je travaillais au Luxembourg, nous avions une journée (le vendredi) où toute l'entreprise était en télétravail. C'était vraiment appréciable. Le vendredi, la fin de semaine arrive, la fatigue aussi. À 17h, fin de la semaine et pas de trajet à faire pour rentrer et profiter de son week-end. C'était réellement appréciable.
Je travaille désormais à Metz et le télétravail a continué. J'avais une journée par semaine de télétravail puis deux jours. Même si je ne prenais pas forcément deux jours par semaine, les fois où je respectais ce rythme, je remarquais que j'étais moins fatigué, de meilleure humeur le soir également. Que des bienfaits, me concernant ! Je suis ensuite repassé à une journée par semaine. C'est très appréciable, mais la fatigue se fait ressentir, et le budget aussi d'ailleurs. Comptez 13 euros d'économiser par jour de déplacement (sans compter les frais d'entretien bien sûr).
Depuis 7 ans je passe beaucoup de temps dans la voiture. Si le covoiturage lors des trajets vers le Luxembourg était vraiment intéressant, il permettait de décompresser le soir avec les collègues (aussi développeuses et développeurs) et de rigoler. Le trajet n'en restait pas moins fatigant.
Télétravail et confinement
Depuis mars 2020, et suite à la crise du coronavirus, toute l'entreprise dans laquelle je travaille s'est mise au télétravail forcé. Certains de mes collègues n'avaient jamais pratiqué le télétravail, d'autres en avaient l'habitude. Comme je vous le disais, j'en avais l'habitude. Cependant, passer d'une journée par semaine à 5 jours par semaine n'a pas été aussi facile que ça.
En dehors de cette situation de crise, j'aime bien discuter avec mes collègues, aider les développeurs dans leurs problèmes (et directement sur leur machine), et qu'ils m'aident à leur tour sur les miens. J'aime bien aller manger avec eux à midi, boire une bière le soir au bar de temps en temps. Bref, avoir une vie de salarié normal.
Après, il faut dire que les outils d'aujourd'hui nous permettent un maximum de rester connecté aux autres, de se voir, de collaborer comme si nous étions dans le même bureau. Cela m'a permis de rester en contact avec mes collègues, de les voir tous les jours, etc.
Même si je ne vis pas seul, et ça a été une chance pendant ce confinement, cette période a été aussi difficile pour ma part, car je travaillais tous les jours de la maison sans ne voir personne d'autre. Ni collègues, ni amis et ni famille. Je pense que c'est ce qui a été le plus dur, ne voir personne en dehors d'une webcam. Un exemple simple, mais même les courses hebdomadaires devaient être faites seul et non à deux. Bref, tout a été fait, à juste titre, pour isoler les personnes.
Depuis le 11 mai, la France n'est plus confinée strictement. Nous avons tout de même continué le télétravail jusqu'en fin juin. Au début de la période de télétravail, je me posais la question suivante : "est-ce que le full remote, c'est vraiment fait pour moi ?". Bien sûr, la réponse n'était pas évidente, la période était particulièrement difficile et les conditions n'étaient pas les conditions habituelles de télétravail : elles étaient nettement plus restrictives. Depuis la fin du confinement, je peux ressortir, voir ma famille, etc. Tout en continuant mon activité de la maison, c'est réellement agréable. Mais, il faut savoir se mettre des règles.
Mon organisation en télétravail
Quand je télétravaillais, bien avant le confinement, c'était simple : je me levais à 8h45 pour commencer à 09h00. Je travaillais jusqu'à midi, déjeunais et reprenais vers 13h jusqu'à 17h. Ça fonctionnait bien. Cependant, je me suis dit que faire ça pendant plusieurs semaines (nous ignorions combien de temps cela allait durer.) me rendrait fou. J'ai donc décidé de me mettre des règles.
Règle numéro 1 : debout plus tôt !
La première règle a été de me réveiller plus tôt que 8h45. Je mettais le réveil à 7h30 afin de me réveiller pour autre chose que le travail. J'en profitais pour prendre mon petit-déjeuner à l'écart du PC. Ensuite, j'en profitais pour faire d'autres choses comme le ménage, la vaisselle, lire un peu, etc. Le but était vraiment de commencer la journée tranquillement sans la pression du travail. Ça me faisait tout de même lever plus tard qu'une journée habituelle avec le trajet.
Un réveil en douceur pour bien commencer la journée.
Règle numéro 2 : pas d'heures sup tant que possible
Pendant toute la durée de télétravail, j'ai fait très peu d'heures supplémentaires les soirs. Il fallait que je me mette cette règle pour arrêter de travailler à un horaire précis et que je puisse penser à autre chose que le travail une fois la journée terminée.
Règle numéro 3 : plus de PC après 17h
D'habitude, quand je rentre du travail, je mange et je retourne sur le PC. J'avais la route qui me permettait, tout de même un peu, de décrocher du numérique entre ma journée de travail et mon arrivée chez moi. Il n'était pas question de faire la même chose alors que je n'avais plus le trajet qui me permettait de couper un peu. Ainsi, tous les soirs, je coupais mon PC à 17h et je faisais autre chose. J'en ai profité pour ranger ma cave (qui était vraiment bordélique), pour bricoler, pour lire, pour beaucoup promener mon chien en forêt (oui, nous n'avions pas le droit, mais habitant à la campagne et ayant une forêt immense, je ne croisais personne).
Beaucoup de personnes se sont mises au sport pendant ce confinement. Ça n'a pas été mon cas. :D
J'ai la chance de ne pas habiter seul, d'avoir une maison avec un jardin, d'avoir une forêt à 200 mètres, d'avoir continué à travailler 35h/semaine et, surtout, de ne pas avoir de cas grave dans mon entourage. Le confinement a donc été pour moi une période facile à vivre, je ne m'en plains pas.
Après 17h, on éteint le PC !
Quid du futur ?
La question se pose. Comment, avec l'expérience acquise ces dernières années et ce qui s'est passé ces derniers mois, continué dans les mêmes conditions ?
Avant le confinement, j'attendais avec impatience mon jour de télétravail. Ça rimait avec moins de fatigue, plus de souplesse, etc. Aujourd'hui après avoir connu 5 jours de télétravail par semaine sans que cela m'ait réellement pesé, je me pose la question de savoir si continuer avec le rythme tel qu'il était avant le confinement est possible ? La réponse est sans doute que non. Sous quelle forme, je ne sais pas. Salarié ? Freelance ? Autre ? À voir.
Un petit calcul pour terminer :
- nous travaillons 52 semaines et nous avons 5 semaines de congés = 47 semaines/an ;
- on a environ 10 jours fériés ouvrés, on travaille donc 45 semaines/an ;
- depuis 2013 que je travaille, j'ai 1j / semaine de télétravail ;
- 45 * 4 jours travaillés = 180 jours ;
- 78km / trajet = 78 _ 2 _ 180 = 28 000km pour le travail ;
- 2h50 (au mieux) de trajet par jour = 180 * 2h50 = 510h = 21 jours.
La conclusion est sans appel : 21 jours par an passés dans la voiture, et 28 000 km parcourus. Cela représente aussi 1 révision par an uniquement pour le travail ainsi que 1900 euros d'essence (1.4€/litre à 5L/100). Malheureusement (ou heureusement), il n'existe aucun calcul pour vérifier l'impact sur la santé et le sommeil...
Freelance ? Salarié en télétravail ? Salarié sans télétravail ? Quel dilemme !